
Washington a annoncé la levée des restrictions de visas pour le Ghana après que ce pays d’Afrique de l’Ouest a accepté d’accueillir des migrants expulsés des États-Unis. Cette décision, rendue publique fin septembre, survient alors que l’administration du président Donald Trump durcit encore sa politique migratoire. La mesure soulève des interrogations sur les conditions et les contreparties liées à ce type d’accords bilatéraux. Le geste est perçu par plusieurs observateurs comme une « récompense » diplomatique en échange de la coopération d’Accra. Il met aussi en avant le rôle stratégique de certains pays africains dans la gestion des expulsions américaines.
Levée des restrictions et coopération migratoire
Les autorités américaines ont rétabli la durée maximale des visas non-immigrants pour les ressortissants du Ghana, mettant fin à une mesure restrictive en place depuis juillet 2025. L’ambassade des États-Unis à Accra a confirmé que le visa de type B1/B2, destiné aux voyages d’affaires et de tourisme, redevient valide pour cinq ans avec entrées multiples, tandis que le visa étudiant F1 retrouve une durée de quatre ans.
Cette décision intervient après que le gouvernement ghanéen a accepté de recevoir des migrants expulsés par Washington, y compris des ressortissants d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. La politique américaine dite de “third-country deportation” consiste à renvoyer des personnes sans papiers vers des pays tiers, souvent sans lien direct avec leur nationalité. Accra présente cet accord comme le fruit de mois de négociations diplomatiques, insistant sur le maintien de relations constructives avec Washington.
Certains analystes y voient une forme de troc diplomatique : l’allègement des restrictions de visas apparaissant comme une récompense pour la coopération du Ghana dans les expulsions. Cette dynamique ouvre la voie à des débats sur les implications de ce type de partenariats, notamment pour la protection des droits des personnes expulsées. Ces évolutions pourraient également intéresser d’autres pays africains confrontés à des pressions migratoires similaires.
Historique des expulsions sous Trump
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump a relancé des mesures migratoires strictes déjà appliquées durant son premier mandat. Il a multiplié les expulsions, y compris vers des pays où les personnes concernées n’ont souvent ni citoyenneté ni attaches. Des ressortissants d’Amérique centrale et des Caraïbes, par exemple, ont été renvoyés vers le Mexique ou le Guatemala bien qu’ils ne soient pas originaires de ces États. En Afrique, plusieurs personnes en situation irrégulière aux États-Unis ont été redirigées vers des pays comme le Ghana, la Sierra Leone ou encore le Rwanda, choisis pour leur coopération avec Washington.
Cette approche, critiquée par des organisations de défense des droits humains, repose sur une interprétation extensive des accords bilatéraux ou sur des pressions diplomatiques. Les expulsions massives concernent aussi des personnes déboutées de l’asile ou entrées légalement mais dont le statut a expiré. Le cadre légal américain, fondé sur l’Immigration and Nationality Act, permet de telles mesures mais suscite des controverses lorsqu’elles ciblent des individus ne relevant pas de la juridiction du pays de destination.
Les autorités américaines soulignent que ces politiques visent à dissuader l’immigration irrégulière et à renforcer la sécurité aux frontières. Néanmoins, la pratique de renvoyer des personnes vers des pays tiers reste un point de tension dans les relations diplomatiques entre Washington et plusieurs partenaires du Sud. Les discussions à ce sujet continuent de figurer à l’agenda de la coopération internationale sur les migrations.
La levée des restrictions de visas pour le Ghana montre la manière dont Washington articule désormais politique migratoire et diplomatie bilatérale. Cette évolution pourrait inciter d’autres pays à négocier des accords similaires pour obtenir des facilités dans l’obtention de visas ou d’autres avantages économiques.