Cancer: ce qu’il faut savoir sur le vaccin russe « EnteroMix »

Par lanouvelletribune  -  29 septembre 2025 14:24

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Le cancer demeure l’une des principales causes de mortalité dans le monde, touchant des millions de personnes chaque année. Malgré les progrès réalisés dans la détection précoce et les thérapies ciblées, beaucoup de patients sont confrontés à des traitements lourds et à des taux de survie encore limités, notamment pour les formes avancées de la maladie. L’ampleur de ce défi a poussé chercheurs et laboratoires à explorer de nouvelles pistes, parmi lesquelles l’immunothérapie et, plus récemment, des vaccins thérapeutiques conçus pour renforcer la capacité du système immunitaire à combattre les tumeurs.

Une approche basée sur des virus inoffensifs

EnteroMix, développé en Russie par le Centre national de recherche radiologique, s’appuie sur une idée qui peut surprendre : mobiliser quatre virus non pathogènes pour attaquer les cellules cancéreuses. Ces virus agiraient comme des éclaireurs, signalant les cellules tumorales au système immunitaire et stimulant sa réponse. Contrairement aux vaccins classiques qui préviennent des infections, ce produit est pensé comme un traitement, administré à des patients déjà atteints de cancer.

Les chercheurs avancent que cette stratégie pourrait être combinée à des vaccins à ARN messager, personnalisés selon les caractéristiques génétiques de chaque tumeur. L’objectif est de rendre la thérapie plus ciblée et potentiellement plus efficace, en adaptant l’intervention aux spécificités de chaque patient. Cette approche reflète un virage vers la médecine de précision, où la réponse immunitaire est ajustée plutôt que standardisée.

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Des promesses encourageantes mais encore fragiles

Selon les autorités scientifiques russes, les essais précliniques sur modèles animaux auraient permis de réduire la taille des tumeurs de 60 à 80 %. L’injection répétée serait bien tolérée, ce qui est crucial pour des traitements nécessitant des rappels. Toutefois, ces résultats n’ont pas encore été validés par des publications scientifiques soumises à des revues indépendantes.

Un essai clinique de phase I, avec seulement 48 volontaires, a commencé pour vérifier la sécurité du vaccin chez l’humain. Les premières communications affirment une efficacité très élevée, mais sans données publiques détaillées, ces déclarations doivent être accueillies avec prudence. L’expérience montre que de nombreux traitements prometteurs en laboratoire échouent ensuite lors des tests à grande échelle.

Cette initiative s’insère dans une tendance où l’immunothérapie est de plus en plus considérée comme un complément – et non un remplacement – aux méthodes traditionnelles comme la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. Si les futures études confirment les premiers signaux, EnteroMix pourrait devenir une nouvelle option thérapeutique, en particulier pour les cancers résistants aux traitements actuels.

Vers un espoir mesuré pour les patients

L’arrivée de candidats-vaccins comme EnteroMix montre comme la recherche d’armes innovantes contre une maladie dont le poids continue de croître à l’échelle mondiale reste la priorité. Cependant, les patients et les cliniciens attendent des preuves solides issues d’essais cliniques rigoureux avant de modifier les protocoles thérapeutiques.

Cette prudence est indispensable pour éviter de nourrir des attentes disproportionnées : l’histoire de la lutte contre le cancer est jalonnée d’annonces précoces qui n’ont pas résisté aux étapes suivantes. EnteroMix suscite donc un intérêt légitime, mais son véritable impact ne pourra être mesuré qu’après plusieurs années de tests et d’évaluations indépendantes.