
L’ancien président Macky Sall poursuit la promotion de son ouvrage « L’Afrique au cœur » avec des prises de position sur les troubles politiques entre 2021 et 2024. Dans ses déclarations, il a dénoncé des appels à « détruire l’État » et pointé des ingérences étrangères. Ces propos ont suscité la colère d’anciens prisonniers politiques, qui estiment que leurs souffrances sont minimisées. Des voix réclament désormais des comptes pour les dizaines de victimes de cette période.
Les propos de l’ancien chef de l’État relancent les débats
Lors de ses récentes interventions médiatiques, Macky Sall a affirmé que « le Sénégal n’avait jamais connu une telle brutalité », évoquant les manifestations violentes qui ont marqué son second mandat. Selon lui, des leaders politiques avaient incité à l’insurrection et bénéficié du soutien de courants étrangers radicaux. L’ancien président a présenté la fermeté de l’État comme un choix assumé pour préserver les institutions. Ces propos, extraits de son livre et relayés lors de différentes interviews, se veulent une justification de la stratégie sécuritaire adoptée au cours de son mandat.
Sur les ondes de Sud FM, Diop Taif, ancien détenu et militant du Pastef, a réagi en parlant de « honte et humiliation ». Selon lui, rien ne saurait excuser les 80 morts recensés au cours de cette période. Il accuse l’ex-président d’avoir « trahi son peuple » et appelle à l’émission d’un mandat d’arrêt international. Ces réactions traduisent la persistance de blessures encore vives, plusieurs familles continuant de réclamer vérité et justice.
Une période trouble non encore élucidée
Entre mars 2021 et février 2024, le pays a connu une série de manifestations liées aux tensions politiques, à la gouvernance et aux candidatures controversées. Plus d’un millier de personnes avaient été arrêtées durant cette période, souvent pour participation à des rassemblements jugés illégaux. Les données font état de 80 décès, sans qu’aucune enquête judiciaire n’ait, à ce jour, conduit à l’inculpation de responsables. Cette absence de poursuites nourrit un climat de défiance envers les institutions judiciaires et alimente les revendications des collectifs de victimes.
Les critiques formulées par des acteurs politiques et associatifs rappellent que la mémoire de ces événements reste un enjeu central pour la réconciliation nationale. La promotion du livre de Macky Sall, censée valoriser son parcours, remet au premier plan ces années de crise et les attentes de justice.
Les appels à l’ouverture de procédures indépendantes se multiplient alors que l’ancien président poursuit ses activités médiatiques.