
Les relations entre le Maroc et l’Algérie n’ont jamais cessé d’être marquées par la rivalité. Qu’il s’agisse de la fermeture des frontières terrestres depuis 1994, de la question du Sahara occidental ou de la compétition diplomatique et économique en Afrique, chaque épisode tend à raviver une méfiance mutuelle profondément enracinée. Cette tension bilatérale déborde parfois dans le champ médiatique, chaque pays cherchant à démontrer la pertinence de son modèle national en le comparant à celui du voisin. Les dernières manifestations qui secouent plusieurs villes marocaines n’ont pas échappé à ce jeu d’influences, l’agence de presse algérienne (APS) ayant saisi l’occasion pour proposer une lecture critique de la situation.
Un modèle marocain fragilisé par ses priorités
Pour l’APS, les protestations marocaines ne sont pas de simples rassemblements passagers mais le signe d’un rejet profond d’un mode de gouvernance axé sur des chantiers de prestige. L’organisation de la Coupe du Monde 2030 et de la Coupe d’Afrique des Nations est mise en avant comme symbole d’une stratégie qui investit massivement dans des infrastructures sportives, alors même que des familles marocaines peinent à répondre à des besoins élémentaires comme l’alimentation, l’accès à l’école ou aux soins. L’agence souligne le contraste entre les stades flambant neufs et les hôpitaux saturés, une contradiction que les jeunes manifestants n’hésitent plus à dénoncer dans la rue.
Ce discours traduit une critique plus large de la hiérarchisation des priorités économiques du royaume. Selon l’APS, l’enthousiasme officiel autour de projets internationaux ne suffit pas à masquer les fragilités sociales internes. En filigrane, elle avance que le Maroc paie aujourd’hui le prix d’avoir privilégié l’image et le rayonnement extérieur au détriment du quotidien de sa population.
L’Algérie met en avant son État social
Dans ce face-à-face implicite, Alger oppose son propre modèle qu’elle présente comme un contre-exemple plus équilibré. L’APS rappelle que l’Algérie continue de garantir la gratuité de l’enseignement et de la santé, tout en distribuant des manuels scolaires et en servant des repas gratuits à plus de 12 millions d’élèves. Elle insiste aussi sur le logement social comme pilier d’une politique publique visant à réduire les inégalités.
L’accent est également mis sur l’avenir de la jeunesse : incubateurs, financements spécifiques aux start-up et concours nationaux sont cités pour démontrer la volonté d’accompagner les nouvelles générations. Pour Alger, il s’agit de montrer qu’il est possible de conjuguer stabilité sociale et modernisation économique, contrairement à ce qu’elle décrit comme le « décalage » marocain.
Au-delà des faits, ces prises de position illustrent une rivalité symbolique. L’Algérie cherche à capitaliser sur les difficultés sociales marocaines pour mettre en avant la solidité de son modèle, tandis que Rabat continue de miser sur sa vitrine internationale. Cette confrontation des récits, relayée par les médias officiels, s’apparente à une compétition de légitimité où chaque camp tente de convaincre son opinion publique qu’il détient la bonne formule.
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