
La Turquie a officiellement confirmé des négociations avec le Maroc pour la mise à disposition d’unités flottantes de stockage et de regazéification de gaz naturel liquéfié. Cette proposition, révélée jeudi 2 octobre par le ministre turc de l’Énergie Alparslan Bayraktar lors d’un entretien télévisé, repose sur une logique de complémentarité saisonnière entre les deux pays. L’offre turque pourrait inclure non seulement la location des infrastructures FSRU, mais également la fourniture de GNL, répondant ainsi aux besoins énergétiques marocains durant la période estivale.
Une complémentarité énergétique saisonnière
Les discussions entre Ankara et Rabat reposent sur un constat technique simple mais stratégique : les courbes de consommation gazière des deux nations s’inversent selon les saisons. Lors de son intervention sur CNN Turk, Alparslan Bayraktar a souligné cette particularité en déclarant que « les mois d’été sont une période où les besoins du Maroc en gaz augmentent, et pour nous, la période estivale correspond à la consommation de 30 % de notre gaz ». Cette asymétrie ouvre la voie à un modèle de coopération où les capacités turques excédentaires pendant l’été pourraient être redéployées vers le royaume chérifien. Le dispositif envisagé ne se limiterait pas à la simple location d’équipements, mais intégrerait potentiellement un package global comprenant l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié. Cette formule permettrait au Maroc de sécuriser ses besoins énergétiques durant les pics de demande estivale, notamment pour la production électrique et la climatisation.
Le stockage de gaz naturel constitue un pilier fondamental de la sécurité énergétique nationale pour tout pays consommateur. Les infrastructures de stockage permettent d’absorber les variations saisonnières de la demande, d’assurer une continuité d’approvisionnement en cas de rupture des flux d’importation, et de profiter des opportunités d’achat lorsque les prix sont favorables sur les marchés internationaux. Les unités FSRU représentent une solution particulièrement flexible car, contrairement aux installations terrestres fixes nécessitant plusieurs années de construction et des investissements considérables, ces navires spécialisés peuvent être déployés en quelques mois seulement. Leur capacité à être relocalisés selon les besoins géographiques et temporels en fait des outils stratégiques pour les pays cherchant à diversifier rapidement leurs sources d’approvisionnement gazier. Cette technologie connaît un développement accéléré depuis les tensions sur les marchés énergétiques européens, plusieurs nations ayant choisi cette option pour réduire leur dépendance aux gazoducs traditionnels.
Une stratégie turque d’exportation d’infrastructures
L’initiative turque envers le Maroc traduit une démarche commerciale plus large visant à valoriser les capacités nationales d’infrastructures gazières. Ankara a déjà conclu un accord similaire avec l’Égypte en mai dernier, démontrant sa volonté de se positionner comme fournisseur régional de solutions FSRU. Cette approche permet à la Turquie de rentabiliser ses investissements dans ces équipements coûteux en les exploitant sur différents marchés selon les cycles de consommation. Le modèle présente l’avantage d’un déploiement modulable, les unités flottantes pouvant être affrétées pour des durées variables en fonction des besoins spécifiques de chaque partenaire. Pour le royaume marocain, cette option offre une alternative aux investissements lourds dans des infrastructures permanentes, tout en renforçant sa capacité à gérer les pointes de demande énergétique. Les autorités marocaines n’ont pas encore communiqué officiellement sur l’avancement de ces discussions, mais l’intérêt manifesté par les entreprises turques du secteur confirme le sérieux des échanges bilatéraux sur ce dossier technique et financier.
Les prochaines étapes dépendront de la capacité des deux pays à s’entendre sur les modalités contractuelles, tarifaires et logistiques de cette coopération gazière transfrontalière.
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