Mines en Afrique : trois pays misent sur la transformation locale

Par lanouvelletribune  -  4 octobre 2025 14:06

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Le Zimbabwe, le Nigéria et la République démocratique du Congo ont dévoilé de nouvelles stratégies minières lors du Forum ministériel de l’African Mining Week 2025, organisé du 1ᵉʳ au 3 octobre à Cape Town. Ces trois États entendent rompre avec le modèle d’exportation brute et investir dans la transformation locale des minerais. En misant sur des réformes légales, des zones industrielles et de nouvelles raffineries, ils cherchent à bâtir des économies plus autonomes et compétitives. Ce virage pourrait redéfinir la place de l’Afrique dans les chaînes mondiales de valeur.

Une ambition commune pour transformer sur place

Les gouvernements du Zimbabwe, du Nigéria et de la République démocratique du Congo ont chacun présenté des plans visant à renforcer la transformation locale des minerais. Au Zimbabwe, le ministre Winston Chitando a confirmé la construction d’une raffinerie de métaux de base dans un délai de deux ans, afin d’exploiter les vastes réserves de platine du pays. Trois zones industrielles — à Hwange, Beitbridge et près de Harare — serviront de pôles de production et d’exportation à forte valeur ajoutée.

De son côté, le Nigéria veut bâtir une économie minière évaluée à 1 milliard de dollars d’ici 2030. Le secrétaire permanent du ministère, Yusuf Farouk Yabo, a indiqué que la révision de la loi minière de 2011 est en cours pour mieux répondre aux besoins du secteur privé et attirer les capitaux étrangers. L’objectif est d’accélérer la diversification économique et d’assurer une meilleure redistribution des revenus issus du sous-sol.

Quant à la RDC, le ministre Louis Watum Kabamba a mis en avant la création de zones économiques spéciales destinées à simplifier les procédures fiscales et à encourager les investissements industriels. Le pays entend valoriser davantage son lithium et son cuivre, dont il est déjà l’un des principaux producteurs mondiaux, en instaurant un guichet unique pour les acteurs du secteur. Ces trois approches convergent vers une même idée : industrialiser la production minière pour renforcer la souveraineté économique.

L’Afrique veut rompre avec l’exportation brute

Le continent africain concentre certaines des plus importantes réserves mondiales de cuivre, de cobalt, d’or, de platine ou de lithium. Pourtant, près de 70 % de ces ressources sont encore exportées à l’état brut. Hérité de décennies de contrats d’extraction dominés par des entreprises étrangères, ce modèle a généré peu de retombées locales et une faible industrialisation. Les pays producteurs dépendent souvent de la volatilité des prix mondiaux et des coûts logistiques élevés liés au transport des minerais non transformés.

Face à ces limites, plusieurs gouvernements africains ont entamé des réformes pour conserver davantage de valeur sur leur territoire. Le Zimbabwe investit dans les infrastructures, le Nigéria modernise son cadre légal, et la RDC cherche à attirer la technologie et le capital nécessaires à la transformation. Cette dynamique commune pourrait favoriser l’émergence d’un marché africain intégré des métaux, avec des chaînes de production locales mieux connectées aux besoins du continent.

En misant sur la transformation locale, le Zimbabwe, le Nigéria et la RDC posent les bases d’une nouvelle ère minière où l’Afrique pourrait devenir un acteur central, non plus seulement pour ses ressources, mais pour sa capacité à les transformer.

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